Graines en Nord : produire dans le Ternois et sans phytos des lentilles et pois ? Chiche !

Alors que le monde célèbre en ce 10 février la journée mondiale des légumineuses, le Ternois dispose désormais de sa propre production locale et sans produits de synthèse grâce à Graines en Nord : une marque fondée et portée par cinq jeunes agriculteurs qui ont souhaité se diversifier avec une démarche originale et surtout en phase avec leurs valeurs. « On commence à bien connaître les cultures destinées à l’industrie agroalimentaire. On a voulu se libérer de ce carcan, fixer nos prix, remettre de la valeur ajoutée dans nos exploitations et retrouver le sens de notre métier : nourrir nos concitoyens. On est encore jeunes, on peut se permettre de prendre des risques et de s’amuser en essayant de nouvelles choses », s’enthousiasme Martin Gosse de Gorre, qui héberge le siège de Graines en Nord dans sa ferme d’Ostreville. Tout comme son compère François Cannesson de Nuncq-Hautecôte, il s’est lancé dans les grandes cultures (pommes de terre, blé, lin textile, colza…) après des études à l’institut UniLaSalle de Beauvais, où tous deux avaient retrouvé Simon Prin, aujourd’hui éleveur laitier à Équirre. En plus de leur diplôme, ils ont également ramené dans le Ternois Hélène désormais Gosse de Gorre et Éléonore Verhaeghe, ainsi qu’une solide amitié.

« Nous voulons travailler en vente directe ou avec des acteurs locaux, avec au maximum un intermédiaire, dans une logique de circuit court. »

Éléonore Verhaeghe, Graines en Nord

Les cinq camarades sont maintenant associés et ont élaboré ensemble ce projet novateur et tourné vers l’écologie : « Depuis quelques années, on entend de plus en plus parler des lentilles. On s’est rendu compte qu’il existait un attrait pour les légumes secs et qu’ils pouvaient être produits chez nous. On a aussi constaté auprès de notre entourage une envie de retrouver des productions locales, respectueuses de l’environnement », explique François, approuvé par Éléonore, sa compagne : « Actuellement, la plupart des lentilles qu’on trouve sur le marché sont produites en dehors de l’Union Européenne, souvent au Canada ou en Chine. Nous voulons travailler en vente directe ou avec des acteurs locaux, avec au maximum un intermédiaire, dans une logique de circuit court. » « Si on ne vend pas en direct, ce n’est pas rentable, complète Hélène. On a tout calculé pour fixer nos prix. On a discuté ensemble de ce qu’on voulait faire et ne pas faire, en essayant d’être le plus logique possible depuis la production jusqu’à la commercialisation. »

« On est très attachés au Ternois et on voulait le mettre en avant. »

Martin Gosse de Gore, Graines en Nord

En effet, toutes les étapes ont été pensées pour être respectueuses de l’environnement, jusqu’aux emballages biodégradables. La communication a aussi été réfléchie et insiste sur l’aspect local des produits, avec un logo reprenant le très reconnaissable campanile de Saint-Pol : « On est très attachés au Ternois et on voulait le mettre en avant. Il existe d’autres producteurs de lentilles dans la région, mais nous sommes les seuls par ici. Du point de vue agronomique, c’est une culture très intéressante. Pour cette première, on a fait des tests sur des parcelles réparties sur nos trois exploitations, ce qui nous a permis de diluer les risques. » Ainsi, en 2020, 2,3 hectares ont généré 3,5 tonnes de lentilles et de pois : « Pour nous, cette première est une réussite, assure François. Cette année, nous avons prévu de consacrer dix-huit hectares à ces légumineuses mais aussi à l’expérimentation d’autres semences. On veut une production respectueuse de l’environnement, sans utiliser de phytosanitaires de synthèse. Notre principale limite est la météo, tout ne fonctionnera pas, mais ce n’est pas grave. »

« Il s’agit d’une production locale, sans produits de synthèse, on est sur du haut de gamme »

François Cannesson, Graines en Nord

Cette première tentative est encourageante et trois références sont d’ores et déjà disponibles chez Graines en Nord : les classiques lentilles vertes, les lentilles noires Beluga, ainsi que les pois jaunes qui peuvent allègrement remplacer les chiches. Évidemment, les cinq Ternésiens ne peuvent rivaliser sur le prix avec leurs concurrents industriels internationaux, mais ils misent sur les valeurs locales, environnementales et évidemment sur la qualité : « Il s’agit d’une production locale, sans produits de synthèse, on est sur du haut de gamme », souligne François. D’ailleurs, les lentilles Beluga sont présentées comme « le caviar végétal » : « C’est un produit qu’on ne connaissait pas avant, reconnaît Éléonore. Pour moi, les lentilles se limitaient à ce qu’on nous servait à la cantine. On a la chance d’avoir des amoureux de la cuisine dans notre entourage. Mon beau-frère nous a préparé des spaghettis « bolognaise » en remplaçant la viande par des lentilles et c’était excellent. Il existe plein de plats à réaliser avec ces légumineuses. » Le groupe envisage d’ailleurs de constituer un livret de recettes pour faire redécouvrir cette source végétale de protéines. « On y croit vraiment. On a plein d’idées, on veut vivre de notre métier et s’éclater entre amis. Mais si notre amitié devait en souffrir, on arrêterait le projet », prévient l’intarissable Martin, qui fixe ainsi la limite à son enthousiasme communicatif. Car comme le chantait Henri Garat, « avoir un bon copain, voilà ce qu’il y a de meilleur au monde », encore meilleur que des lentilles Beluga.


Graines en Nord
16 rue du Calvaire, 62130 Ostreville
grainesennord@gmail.com
Informations et recettes à retrouver sur Facebook et Instagram.

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