Les habitants du Ternois contaminés par la panique autour du coronavirus

« Depuis lundi, on nous demande des masques une vingtaine de fois par jour. En une semaine, on a écoulé autant de gels hydroalcooliques que sur un hiver classique. C’est affolant ! » A la pharmacie Ghienne de Saint-Pol, le coronavirus s’est invité dans le quotidien des professionnels. Les gels antibactériens partent comme des chocolatines : « On avait un stock que je ne pensais pas vendre car les produits étaient assez chers, mais tout est parti. On a encore reçu trente flacons hier et j’ai vendu le dernier ce matin », constate la pharmacienne de la Pharmacie du Ternois, en réapprovisionnant son étal avec des solutions alternatives, en attendant de renouveler son stock. Sa collègue confirme : « On a beaucoup de demande de masques, mais on a vite vendu les quelques-uns qu’il nous restait. Un client est même venu nous en demander quatre fois depuis mercredi, mais il passe son temps devant BFM TV. »

« On devrait recevoir des masques, mais uniquement pour les professionnels de santé, pas pour le grand public. »

Thibault Ghienne, de la pharmacie du même nom

Tous les pharmaciens estiment que la médiatisation de l’épidémie engendre la panique dans la population. Eux ne semblent pas spécialement inquiets : « On attend des consignes du ministère. On devrait recevoir des masques, mais uniquement pour les professionnels de santé, pas pour le grand public. » Inutile donc de harceler les pharmaciens pour en obtenir : ils n’en ont pas et ceux qui arriveront ne seront qu’à destination des professionnels ayant une ordonnance de l’Assurance Maladie. Les professionnels de santé s’efforcent également de rassurer la population et de relativiser l’épidémie : « Il s’agit d’une variante de la grippe. Elle peut être grave pour les personnes âgées ou celles ayant déjà des problèmes respiratoires. En Chine, on compte deux mille morts mais sur un milliard d’habitants, alors que la grippe fait chaque année dix mille victimes en France. »

« Si une personne a des doutes sur son état, elle ne doit pas se rendre aux urgences, mais appeler directement le 15 »

Polyclinique du Ternois

À la polyclinique du Ternois, l’activité suit son cours normalement : « Nous avons mis en place les mesures de précautions de la Haute autorité de santé. Nous nous tenons prêt au cas où une personne se présenterait avec des symptômes particuliers : nous ne serions pas en mesure de la prendre en charge, nous devrions appeler le Samu. D’ailleurs, si une personne a des doutes sur son état, elle ne doit pas se rendre aux urgences, mais appeler directement le 15 », rappelle une cadre de santé de la polyclinique. Aucune disposition particulière n’a été prise : « Nous avons eu les mêmes consignes que le grand public. Nous devons surtout être vigilants si une personne présente de la fièvre ou revient d’une zone concernée par l’épidémie. »

Les lycéens de Châtelet s’inquiètent à quelques jours de la rentrée

Ce sont d’ailleurs les mêmes préconisations qui ont été envoyées aux établissements scolaires. Alors que se profile la fin des vacances, le lycée Châtelet a transmis aux parents d’élèves les « mesures sanitaires à respecter […] par les élèves et personnels dans le cas d’un retour d’une zone d’exposition. […] Seuls les personnels et élèves de retour de ces zones à risque sont soumis à une mise en quarantaine de quatorze jours. » Inutile pour les autres d’invoquer le coronavirus pour espérer sécher les cours. Pourtant, certains lycéens paniquent déjà sur les réseaux sociaux : « On doit vraiment porter un masque anti-coronavirus à Châtelet ? », s’interroge une lycéenne. Une camarade lui répond : « J’espère qu’ils vont prendre des mesures plus efficaces que ça, sérieux. » L’échange se poursuit : « J’espère aussi parce que si c’est ça, on va tous l’avoir. C’est des fous. On va devoir se déscolariser, je crois. » D’autres se demandent comment manger à la cantine avec un masque ou à quoi ressemblerait Châtelet version Walking Dead. Bref, un simple message de prévention suffit à alimenter l’imagination et les fantasmes d’apocalypse.

Chez Herta et Ingredia, plus de bise ou de poignée de main : on se salue à distance

Dans les deux grandes entreprises du Ternois également, des mesures préventives ont été diffusées aux salariés. À l’usine Herta, les salariés sont invités à ne plus se faire de bise ni de poignée de main et des masques ont été commandés pour les salariés qui pourraient tousser. A quelques mètres de là, Ingredia a diffusé une note avec des précautions similaires  : « On se salue à distance, on limite les contacts avec les chauffeurs, on porte un masque lorsqu’on doit discuter avec un chauffeur, on se lave les mains régulièrement, on jette masques, mouchoirs et lingettes dans les poubelles » et autres. « Ce sont des recommandations de bon sens pour éviter la transmission, comme on peut en avoir en période de grippe. La note a été diffusée vendredi matin, mais il ne s’agit pas de mesures particulières », assure l’agence RDN qui gère la communication de la prospérité fermière. En revanche, elle ne communique aucune information concernant un éventuel impact sur l’activité de l’entreprise qui s’est développée sur le marché asiatique mais aussi avec des clients européens, notamment italiens. La prudence est de mise à tous les niveaux.

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