La vie reprend Chez Tartous & Cie, mais l’offre culturelle va nécessiter quelques pirouettes

« Il faut un masque pour entrer ! », lance Fabienne à un client qui s’apprête à franchir leur seuil de Tartous & Cie. « Oh, p*****… C’est vrai ? », peste l’homme qui tourne les talons avant que la patronne ait eu le temps de lui répondre et de lui proposer un masque pour circuler dans le bistrot. « Je le connais, je lui passerai un coup de fil pour lui expliquer », soupire Fabienne, qui passe son temps à rappeler les règles à ses habitués ou aux clients de passage : « Il m’arrive de contester certaines règles, d’être engagée, mais là, c’est un engagement citoyen. On doit être sérieux si on veut que la situation revienne à la normale rapidement. » Néanmoins, pour ne pas appesantir l’ambiance plutôt légère qui règne dans le bistrot de village – et ne pas décourager les clients – Fabienne s’efforce de s’amuser des contraintes plutôt que de les subir : ainsi, à l’entrée, c’est Marie-Grauette qui distribue le gel hydroalcoolique.

« Les gens sont venus retrouver leur bistrot, même certains qui ne viennent pas souvent. Ça fait du bien, on se sent épaulé. »

Fabienne Boëte, tenancière de Chez Tartous & Cie

Visière de protection sur la tête, la tenancière invite les consommateurs à privilégier la terrasse et assure le service en extérieur : « Ça redémarre tranquillement, mais c’est sympathique. J’espère que ça va continuer. Je me demande si mes anciens vont revenir dimanche matin, comme ils en avaient l’habitude. » Dès le premier soir de la réouverture du bar, les habitués de Chez Tartous ont rapidement retrouvé leurs marques, mais ce fut plus difficile pour Fabienne, stressée à l’idée de reprendre après deux mois et demi de fermeture mais ravie de revoir du monde : « Les gens sont venus retrouver leur bistrot, même certains qui ne viennent pas souvent. Ça fait du bien, on se sent épaulé. Tous les patrons de bar connaissent des périodes de creux, mais on n’a jamais été confrontés à une période critique comme celle-là. Pour rattraper tout ça, il va falloir travailler autant, voire plus, mais avec des circonstances particulières. »

« On va essayer d’agrandir la terrasse, de proposer une petite guinguette pour l’été, peut-être avec des petits concerts. Il ne faut surtout pas oublier les artistes et la culture »

Fabienne Boëte, tenancière de Chez Tartous & Cie

En plus des contraintes liées à la situation sanitaire, le bistrot est en travaux depuis la fin d’année dernière et sa surface est toujours réduite de moitié, le chantier ayant accumulé les retards à cause du confinement. Avec l’impossibilité pour les clients de consommer debout, au comptoir, la capacité du lieu a été fortement réduite. De plus, Tartous & Cie est plus qu’un bistrot, c’est également un lieu culturel qui vit grâce aux animations, concerts et soirées diverses. Au-dessus de la cheminée trône toujours l’affiche de “La fête à Tartous” qui devait se tenir mi-mars. « À cause du confinement, j’ai dû annuler une dizaine d’événements. Je ne sais pas comment nous allons pouvoir reprendre, il va falloir se réinventer. On va essayer d’agrandir la terrasse, de proposer une petite guinguette pour l’été, peut-être avec des petits concerts. Il ne faut surtout pas oublier les artistes et la culture », insiste Fabienne.

« On a appelé tous les artistes pour les prévenir et tous, sans exception, ont annoncé qu’ils viendraient en 2021. C’est fabuleux ! »

Fabienne Boëte, tenancière de Chez Tartous & Cie

Si elle veut être solidaire avec les artistes, ces derniers le lui rendent bien. Les circonstances ont contraint l’équipe du festival “Les Transes de Marie-Grauette” à reporter l’édition 2020, prévue fin septembre, mais l’affiche est d’ores et déjà complète pour l’édition 2021 : « On s’est fait deux grosses réunions en visio-conférence pour étudier la situation. On avait la programmation, l’affiche, tout était bouclé. Mais on était dans le flou total pour le mois de septembre. S’il fallait quatre mètres carrés par personne, on n’aurait pu mettre que soixante personnes dans la salle, ça n’aurait pas été viable. Peut-être que quinze jours avant le festival, on nous aurait dit que ça ne pouvait pas se faire. On a cherché des solutions alternatives, on a beaucoup débattu. Par respect pour les artistes, les bénévoles, les prestataires et la commune, on a décidé de reporter cette édition. La décision n’a pas été facile à prendre, c’est le rendez-vous de la rentrée pour beaucoup de fidèles du festival. On a appelé tous les artistes pour les prévenir et tous, sans exception, ont annoncé qu’ils viendraient en 2021. C’est fabuleux ! » L’équipe a décidé d’annoncer sa décision en dévoilant l’affiche de la prochaine édition, avec un slogan positif : « Transcendons-nous en 2021 ! » « On a publié l’affiche pour montrer qu’on avait travaillé et qu’on ne voulait pas laisser tomber, s’obstine Fabienne. On doit défendre la culture et les artistes. Pour cet été, on va essayer d’imaginer des choses pour le bistrot. On va réfléchir et s’adapter à la situation, en faisant des pirouettes. »

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