Illustration : Dorothée Cuvelliez, Damien Caron, Romain Leroy, Mickaël Callewaert, Philippe Lecocq et Sylvain Lheureux (absent sur la photo) ont démissionné du conseil municipal de Monchy-Breton.
Quatre conseillers municipaux et les deux adjoints au maire de Monchy-Breton ont démissionné : les Monchois vont devoir retourner aux urnes. Lors de la dernière réunion du conseil municipal, le mardi 11 mars, alors qu’ils avaient envoyé leur démission le jour-même (effective le lendemain, à la réception de leur courrier par la maire), les frondeurs ont également rejeté les comptes de l’année 2022, bloquant de fait le budget pour 2023. Ils reprochent à leur maire, Nicole Godart, une pratique autocratique et un manque de transparence dans la conduite des affaires communales : « C’était notre seul moyen pour mettre un peu la pression à la maire. Déjà, en 2021, on n’avait pas voté le budget lors de la première présentation, pour envoyer un signal. Mais rien n’a changé. » Depuis l’élection des onze membres du conseil municipal en 2020, emmenés par Nicole Godart, les relations n’ont cessé de se dégrader : « Ça a même commencé le soir de l’élection ! On avait la boule au ventre avant d’aller aux réunions de conseil et on rentrait énervés. On ne voulait même plus y aller. Ce n’était pas des débats mais des combats. On ne se voyait pas continuer encore trois ans comme ça », s’accordent les démissionnaires. Après dix-huit mois, deux élus jetaient déjà l’éponge, laissant le conseil à neuf membres. Ils ne sont plus que trois désormais, maire comprise, et donc dans l’impossibilité de gérer les affaires communales jusqu’à ce que le conseil municipal soit de nouveau au complet : les Monchois devraient être appelés à revoter avant l’été.
« La seule façon d’inviter la maire à se remettre en question et d’alerter la préfecture, c’était de bloquer le budget. »
Six élus démissionnaires du conseil municipal de Monchy-Breton
Les six ex-élus ont rédigé et signé ensemble un courrier qu’ils ont distribué dans toutes les boîtes aux lettres de Monchy-Breton pour expliquer leur démarche. « Les débats tant sur la forme que sur le fond ne sont pas équitables et ne proviennent que d’une seule et même personne et quand bien même nous proposons d’autres projets ou solutions, très vite nous sommes rembarrés et Mme le Maire nous répond : “Tant que je serai Maire, ce sera comme ça” », écrivent-ils. Ils dénoncent également « une dépense incohérente » dans le budget 2022, « validée sans même concerter les élus ». « Nous avons engagé des travaux pour refaire la cantine et la réserve. L’architecte avait prévu une dépense de sept à dix mille euros pour l’électricité, on s’est retrouvé avec une facture de 37 000 euros. La maire avait le droit de prendre cette décision, mais nous aurions souhaité être consultés, on aurait pu trouver d’autres solutions. Quand on lui demande à voir les devis, elle nous répond qu’on pourra les voir après le vote du budget », racontent les frondeurs. La goutte d’eau a été le retrait expéditif des délégations de Mickaël Callewaert, alors second adjoint : « J’ai déménagé pour des raisons professionnelles. Une semaine après avoir quitté le village, j’ai reçu un courrier recommandé de la maire annonçant le retrait de mes délégations et mon retrait des listes électorales, ainsi que celui de ma compagne », déplore l’ex-Monchois. Cette décision précipitée et unilatérale a fini de convaincre les six élus, qui se disent désormais soulagés : « On savait bien qu’il y aurait des clashs de temps en temps, mais là, c’était systématique. Les Monchois nous ont fait confiance, on se devait de leur expliquer la situation. La seule façon d’inviter la maire à se remettre en question et d’alerter la préfecture, c’était de bloquer le budget », expliquent les contestataires, qui soulignent que Nicole Godart « peut rester maire, mais elle n’est pas obligée. Elle va devoir trouver huit nouvelles personnes pour compléter le conseil. Vu le contexte, ça risque d’être difficile. »
« On avait un budget extrêmement positif, sans le moindre souci budgétaire. Il n’y avait aucune raison de le rejeter, mis à part parce que c’était le budget de la maire. »
Nicole Godart, maire de Monchy-Breton
De son côté, Nicole Godart se dit « sidérée qu’on ait un tel manque de respect envers la population et les électeurs qui leur ont fait confiance. J’ai un grand sentiment de déception pour le travail qu’on a fait. J’ai essayé de porter tout ça sur les épaules. » Pour l’instant, elle ne souhaite pas rentrer dans les détails et attend la réponse de la préfecture concernant la démission des deux adjoints, pour ensuite adresser une communication à la population. Néanmoins, sa démission n’est pas sur la table : « Je ne peux pas laisser le village sans personne en mairie. Il faut qu’on continue de gérer la commune et s’adapter à la situation. » Elle réfute les accusations de manque de transparence et de gestion tyrannique : « C’est ce qu’ils pensent. Il n’y a absolument pas d’abus de pouvoir. À chaque réunion de conseil, on faisait des tours de table. Chacun pouvait s’exprimer dans les questions diverses. La première séance de budget, ces élus ne sont pas venus, ne se sont même pas excusés. Nous avions eu plusieurs réunions avec le premier adjoint pour préparer le budget, ainsi qu’une réunion préparatoire avec les élus. On avait un budget extrêmement positif, sans le moindre souci budgétaire. Il n’y avait aucune raison de le rejeter, mis à part parce que c’était le budget de la maire. C’est un ressenti envers Madame la Maire, qui a été élue démocratiquement, comme eux. J’ai fait mon travail correctement. » Elle ne tient pas à en dire plus, réservant sa communication prioritairement aux Monchois qui devront retourner aux urnes pour compléter le conseil municipal, qui restera présidé par Nicole Godart.