Marquay : plus de lait, moins de carbone en repensant le pâturage des vaches

Elles n’ont pas de cheminée ou de pot d’échappement, elles n’émettent pas de fumée, et pourtant les vaches ont un impact environnemental, et pas uniquement par leurs flatulences : l’élevage laitier implique d’importants rejets de gaz carboniques. De plus en plus d’éleveurs et d’entreprises agro-alimentaires s’engagent pour réduire ces émissions. Conscience écologique, opération de communication ou rentabilité économique, les motivations sont diverses et complémentaires mais contribuent à la transition environnementale. À Marquay, Raphaël Evain s’est penché sur le bilan carbone de son exploitation, encouragé par son client exclusif et historique : l’usine Danone de Bailleul qui travaille avec près de six cents producteurs du Nord-Pas-de-Calais. « Danone a sollicité quelques exploitations pour dresser leur bilan carbone. Nous nous sommes ensuite retrouvés avec d’autres agriculteurs pour faire le point et trouver des solutions. Nous avons étudié les impacts positifs et négatifs de toute la chaîne de production », précise l’agriculteur. L’acheminement de colza ou de soja (souvent OGM et importé des Amériques), la consommation de paille, ou encore le fioul du tracteur contribuent aux émissions de gaz carboniques, tandis que les pâtures et les haies stockent le gaz, diminuant ainsi l’impact négatif. Une fois tous les paramètres pris en compte, Raphaël Evain a découvert que son empreinte carbone était d’un kilo par litre de lait, soit près de 800 tonnes de carbone par an.

Une herbe meilleure et plus abondante

« Les principales solutions pour réduire l’empreinte carbone seraient de développer l’autonomie de l’exploitation, de produire mon propre fourrage et de mieux valoriser les prairies. Il s’agirait par exemple de privilégier le colza produit en France au soja importé du Brésil, même si cette année, exceptionnellement, les cours sont plus avantageux pour le soja. En redécoupant les grandes pâtures en petites parcelles, l’herbe est de meilleure qualité, les vaches mangent plus et donnent plus de lait. Cela permet également de planter des haies pour le confort des bêtes, de développer la biodiversité et de stocker du carbone », détaille l’éleveur qui dispose de vingt-sept hectares de prairies, pour soixante-cinq vaches laitières et autant de génisses. Pour aménager l’ensemble de ses pâtures, le jeune éleveur, qui a repris l’exploitation familiale en 2007, devra débourser près de 32 000 euros : « On va y aller progressivement, d’abord en aménageant la pâture de cinq hectares derrière la ferme, puis celle de dix hectares. Il faut bien penser le projet, c’est du travail supplémentaire : il faut redécouper les terrains, planter les haies, entretenir les chemins, faire tourner les vaches dans les différentes parcelles tous les trois jours », souligne l’agriculteur qui ne dispose que d’un salarié à mi-temps, d’un stagiaire et de l’aide de ses parents pour faire tourner l’exploitation de cent vingt hectares.

Quatre-vingts tonnes de carbone en moins par an

« Économiquement, je peux y trouver mon compte, mais sur le long terme. Danone n’achètera pas le lait à un meilleur prix pour autant, mais l’entreprise finance les projets de transition jusqu’à 7 500 euros pour encourager les agriculteurs », explique Raphaël qui s’est laissé séduire par la démarche : « J’ai suivi des études dans le domaine de l’environnement. Je ne suis pas prêt à passer au bio, mais je fais attention à ce que je fais au quotidien. Au-delà du travail sur les prairies, j’étudie la possibilité de développer l’auto-consommation, la production de toutes les céréales sur l’exploitation. » Les différentes actions envisagées devraient permettre de réduire de 5 % son empreinte carbone, l’équivalent de quatre-vingts tonnes par an. Ça peut sembler énorme, d’autres diront que c’est trop timide, mais finalement, tout le monde y gagnera : Danone, Raphaël, les vaches, la planète et ses habitants.

Vous pouvez soutenir la démarche de Raphaël Evain en contribuant sur la plateforme Miimosa à l’adresse suivante : https://www.miimosa.com/fr/projets/valoriser-le-paturage-des-vaches-laitieres

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