Quarante mille euros pour rénover des logements à Flers contre une belle opération de comm’

Si la fondation Butagaz a choisi le village de Flers pour réaliser son premier projet de rénovation thermique, ce n’est pas un hasard : « Nous cherchions une petite commune rurale, dans une zone froide où le fioul est toujours très présent. Nous avons établi une liste dans laquelle nous avons regardé les équipes municipales. Nous avons retenu Ingrid Gaillard, qui est une jeune femme dynamique et de La République En Marche », explique Anne-Stéphanie Pierry. La directrice de la communication de Butagaz savait évidemment que la maire de Flers est aussi suppléante du député Bruno Duvergé, qui est – heureuse coïncidence – auteur d’un rapport sur les freins à la transition énergétique. Bref, le profil idéal pour une opération de communication – voire de lobbying – qui s’est tenue en grande pompe ce jeudi à Flers avec, en prime, la présence d’Emmanuelle Wargon, ministre déléguée chargée du logement.

« La rénovation thermique des logements, c’est aussi un gain de pouvoir d’achats pour les plus modestes. »

Emmanuelle Wargon, ministre déléguée au logement

Elle-même ancienne lobbyiste chez Danone, elle connaît bien les relations entre le pouvoir et les intérêts privés, et bien que l’État n’intervienne pas dans le projet de Butagaz à Flers, elle a tenu à venir afficher son approbation : « C’est un projet qui va dans le sens de ce que fait le gouvernement. Il est important que le public et le privé travaillent ensemble pour faire avancer les choses. La rénovation thermique des logements, c’est aussi un gain de pouvoir d’achat pour les plus modestes. Ici, 60 % des ménages sont chauffés au fioul. » Or, à partir du 1er janvier 2022, l’installation de chaudières au fioul sera interdite et il faudra trouver d’autres solutions de chauffage, comme l’électricité, le gaz ou encore les granulés de bois – autant de marchés sur lesquels Butagaz est aujourd’hui positionné.

« Le projet lève deux freins : la complexité de la constitution des dossiers d’aide et la prise en compte du reste à charge, notamment pour les ménages modestes. »

Ingrid Gaillard, maire de Flers

Mais jeudi, si le président de Butagaz était à Flers, ce n’était pas pour vendre, mais pour offrir : quarante mille euros pour participer à la rénovation énergétique d’habitations du village, avec en plus un accompagnement pour constituer les dossiers de financement. « En France, 17 % des logements sont des passoires thermiques, et encore plus dans les régions rurales. Notre programme solidaire de rénovation de logements énergivores donne la priorité aux foyers en précarité énergétique, dont les dépenses de chauffage représentent plus de 10 % du budget. Les habitants seront invités à présenter des dossiers, un audit des logements sera réalisé par un expert, et nous étudierons les dossiers avec le conseil municipal pour sélectionner les bénéficiaires. La fondation se chargera des demandes d’aide pour aller chercher un maximum de financements (NDR : qui peuvent aller jusqu’à 25 %, voire 90 %) et elle financera le reste à charge. » Pour la maire de Flers, Ingrid Gaillard, le projet est en phase avec la réalité de ses administrés : « J’ai travaillé avec Bruno Duvergé à la réalisation d’un rapport sur les freins à la transition énergétique. La pertinence du projet de la fondation Butagaz vient précisément de ce qu’elle lève deux de ces freins : la complexité de la constitution des dossiers d’aide et la prise en compte du reste à charge, notamment pour les ménages modestes. » Ingrid Gaillard a rencontré des représentants de Butagaz au mois de mars et le conseil municipal a validé le partenariat en juin : les habitants en ont été informés et quatorze dossiers ont déjà été déposés.

« Surconsommer de l’énergie pour chauffer son logement, c’est inacceptable. »

Emmanuel Trivin, président de Butagaz

La démarche s’inscrit également dans le plan de relance de l’État qui vise les particuliers mais aussi les bâtiments publics, notamment les écoles : justement, la mairie-école de Flers – toujours chauffée au fioul – travaille sur un projet de rénovation énergétique. Par ailleurs, la rénovation des bâtiments pour éviter les pertes de chaleur est une priorité dans la lutte contre le changement climatique : « La France compte 4,8 millions de passoires thermiques, rappelle la ministre du logement. Le bâtiment représente 25 % des émissions de gaz à effet de serre, c’est la deuxième cause après le transport. » L’amélioration énergétique des bâtiments permet d’économiser de l’énergie, de l’argent et donc de préserver l’environnement, tout en soutenant l’activité et en créant des emplois. Mais cette démarche a un coût, souvent important et prohibitif. Pour quelques Flersois, le problème pourrait être résolu d’ici quelques mois grâce aux quarante mille euros et à l’assistance de Butagaz. Pour les autres habitants du village et du territoire, des aides et des accompagnements existent : ainsi, la communauté de communes TernoisCom a relancé une Opération programmée d’amélioration de l’habitat – OPAH. Même si Butagaz ne pourra pas aider tout le monde, son président dressait un constat qui ne peut être que partagé : « Surconsommer de l’énergie pour chauffer son logement, c’est inacceptable. »


Déclaration des cadeaux
Lors de ce reportage, nous avons reçu de la part de Butagaz :
– un sac en toile
– un masque
– un flacon de gel hydroalcoolique
– une boîte de pastilles mentholées (qui peut faire office de cendrier de poche)
– une peluche Bob
– le rapport de responsabilité sociétale d’entreprise
– deux cafés
– un selfie avec Bob

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