L’annonce d’une possible vente d’Herta met le feu aux poudres sur le site de Saint-Pol

Briquet en main, un syndicaliste allume un barbecue tandis que son camarade se charge des pétards qui explosent à l’entrée de l’usine Herta. Le syndicat Force Ouvrière a mobilisé ses troupes pour alerter les salariés du site sur les problèmes qui s’accumulent depuis des mois et les menaces qui pèsent sur l’entreprise. Un article du Figaro, publié jeudi, a mis le feu aux poudres : « Nous avons appris par la presse que le nouveau grand patron de Nestlé envisagerait de vendre Herta », explique le secrétaire de Force Ouvrière du site, Stéphane Riffault. Bien que ledit article indique que « le groupe suisse […] pourrait cependant décider de conserver la marque », l’annonce d’une possible vente est venue s’ajouter à une série de problèmes. Des salariés s’inquiètent de la course à la rentabilité : « Le groupe veut une rentabilité de 12%, alors que dans les meilleurs années, nous sommes à 8% », souligne un salarié qui craint de subir le même sort que d’autres marques cédées par l’entreprise qui ont été ensuite démantelées.

« On nous avait promis que si on faisait correctement notre travail, on gagnerait de l’argent »

Comme souvent, les questions financières sont au centre des récriminations. Le groupe Nestlé souhaite revoir l’accord de participation aux bénéfices selon Stéphane Riffault : « On a fait des efforts pendant des années. Des investissements ont été réalisés sur le site pour vingt-trois millions d’euros. On nous avait promis que si on faisait correctement notre travail, on gagnerait de l’argent. Pour nous, ça devait être l’année où on devait produire et atteindre nos objectifs, mais le groupe Nestlé veut renégocier alors que c’est maintenant que l’accord doit commencer à payer. On a dû menacer d’organiser une grève générale pour obtenir 1,2 % d’augmentation, soit le niveau de l’inflation. » De plus, les salariés souhaitent, légitimement, toucher leur salaire normalement à la fin du mois : « La paie est désormais sous-traitée en Pologne et on rencontre des tas de problèmes. On nous dit qu’en cas d’erreur, c’est à nous d’appeler directement là-bas. Avant, on râlait pour avoir un meilleur salaire ; maintenant, on doit râler pour toucher ce qui nous est dû. On a autre chose à faire et ce n’est pas forcément dans les compétences des salariés. Avant, les problèmes étaient traités en interne et réglés le jour-même. » Les salariés rencontrent également des difficultés avec l’entreprise Amundi qui gère l’épargne salariale.

« S’ils continuent à nous prendre pour des guignols, on empêchera les camions d’entrer »

« Nous voulons que tous les problèmes liés à la participation, aux fiches de paie et Amundi soient réglés, annonce le secrétaire FO. Nous souhaitons également une vision sur l’avenir du site et de l’ensemble de l’entreprise Herta. Les vacances arrivent et c’est toujours à cette période qu’on apprend les mauvaises nouvelles. Aujourd’hui, on distribue des tracts pour informer les salariés qu’il se trame quelque chose. On privilégie toujours la négociation, mais s’ils continuent à nous prendre pour des guignols, on empêchera les camions d’entrer. On peut bloquer toute l’activité d’Herta en France. Là, on est gentils, on a juste sorti les pétards et le barbecue. Une grève, ça se prépare, mais on sait le faire si nécessaire. » Un comité central d’entreprise doit se tenir ce mardi et les représentants du personnel demanderont des réponses à leur direction. En fonction de ces éléments apportés, ils décideront de la suite des actions à mener sur le site, voire au-delà. Avant de mettre la direction sur le gril, les syndicalistes s’occupent des saucisses :« Pas de Knacki! De rage, on n’en bouffera pas ! »

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Régis Dabert, directeur de l’usine Herta de Saint-Pol-sur-Ternoise :

« Ce mouvement porte une situation générale de l’entreprise que je ne commente pas. Je n’étais pas prévenu de cette action. L’article du Figaro s’appuie sur une source inconnue qui dit tout et son contraire : on a une annonce et son démenti. Je ne dispose d’aucun élément allant dans le sens d’une cession d’Herta par Nestlé. »

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