La maison médicale d’Anvin en sursis, faute de praticiens

« Maison médicale asphyxiée, fermeture probable. » Déjà déployée l’année dernière, la banderole a été accrochée début décembre à l’entrée de la maison de santé d’Anvin. Depuis son ouverture en 2013, l’établissement a perdu un médecin et trois kinésithérapeutes, et les charges de fonctionnement pèsent désormais sur une équipe réduite. « Lorsque la maison médicale était pleine, le rapport entre l’activité et les charges était équilibré, mais les charges ont explosé avec le départ de plusieurs praticiens », explique le docteur Reignoux. Le médecin prendra sa retraite dans deux ans et assure que ses deux confrères partiront si l’équipe n’est pas renouvelée. « Nous n’avons pas envie de partir, nous ne manquons pas d’activité, bien au contraire. Mais on ne peut pas travailler plus uniquement pour payer les charges », explique le médecin, qui quittera l’établissement si les charges devaient encore augmenter. « L’an dernier, nous avons obtenu une subvention de vingt mille euros de la communauté de communes, suite au départ d’un médecin. Nous avons rencontré M. Bridoux et nous devrions à nouveau bénéficier de cette subvention cette année, mais nous avons autre chose à faire que de nous battre pour des aides financières. »

Des praticiens roumains pour remplacer les départs

Seule solution pour sauver la maison de santé : accueillir de nouveaux praticiens, quitte à aller les chercher à l’étranger. « On essaie de se tourner vers tous les horizons possibles, mais ce n’est pas la panacée, constate le président de TernoisCom. Ce sont des étrangers qui arrivent, qui ont des problèmes de langue, qui ne sont pas formés de la même façon, qui ne sont pas habitués à délivrer des ordonnances. » Trois praticiens sont arrivés de Roumanie : deux kinés qui complètent actuellement leur formation à Arras, ainsi qu’un médecin qui n’est finalement pas resté. « La communauté de communes a commandité un chasseur de têtes pour vingt-quatre mille euros. Un médecin roumain est venu, mais a finalement préféré s’installer dans le Nord. Quant aux deux kinés, je ne sais pas s’ils vont venir ici », indique le docteur Reignoux. Il dénonce une concurrence déloyale de la part de certaines communes : « Elles font un pont d’or aux médecins en payant les charges, le loyer et même le ménage. On leur propose de faire le même travail avec moins de charges : les jeunes médecins s’installent là où les conditions sont les plus intéressantes, le médecin roumain l’a bien compris. » Impossible pour la maison de santé de rivaliser dans ces conditions. Pourtant, Marc Bridoux assure qu’il remue ciel et terre pour trouver une solution : « Au mois de juin, nous avons organisé une réunion avec l’État, les députés, les sénateurs, les conseillers régionaux et généraux. Tout cela pour s’entendre dire que personne ne pouvait faire quoi que ce soit. Nous avons le devoir de mettre la main à la poche si on veut que le service soit apporté à la population. Nous avons convenu de ne pas louer les bureaux inoccupés et nous aidons financièrement la maison médicale dans son fonctionnement. »

« Une vingtaine d’internes sont passés par la maison de santé, aucun n’est resté »

Le président de TernoisCom espère que la nouvelle maison de santé de Gauchin-Verloingt, qui doit être inaugurée au premier trimestre 2018, apportera une nouvelle dynamique : « Elle doit être attractive et servir de moteur pour les annexes d’Anvin et d’Auxi. La nouvelle maison de santé aura un caractère universitaire afin d’attirer des internes. » Pour le docteur Reignoux, la difficulté consiste justement à garder les jeunes médecins sur le territoire : « A Anvin, trois des quatre médecins étaient des formateurs : une vingtaine d’internes sont passés par la maison de santé mais aucun n’est resté. Quand on voit que des patients viennent de Saint-Pol ou de Fruges, on peut se demander ce qu’ils vont devenir. » La banderole a finalement été retirée suite à l’aide concédée par TernoisCom, mais la pérennité de la maison de santé n’est toujours pas assurée selon le docteur Reignoux : « On ressortira la banderole l’an prochain. »

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