« Je suis dégouté. On avait une belle affiche avec cinq groupes, on avait loué un barnum, demandé un arrêté municipal à la mairie de Frévent pour bloquer la route et ce matin, on apprend qu’on ne peut pas organiser la fête de la musique. Je me retrouve avec deux cents kilos de frites sur les bras. » Le patron de la Civette, Jean-Marie Plouviez, est dépité, tout comme les artistes qui se réjouissaient de pouvoir retrouver leur public : « Les musiciens apprennent l’annulation deux jours avant. Perso, je suis anéantie, dégoûtée », commente Nathalie qui devait se produire dimanche soir. Frévent était la seule commune du Ternois à avoir envisagé une fête de la musique, malgré la situation sanitaire, en s’appuyant sur les déclarations du ministre de la Culture, Franck Riester, qui avait promis dès le mois de mai « un grand rendez-vous » pour le 21 juin, mais « sans prendre de risques » : restait à définir comment organiser une grande fête populaire sans autoriser les rassemblements.
« Il fallait que l’organisateur prévoit un protocole sanitaire très stricte, avec contrôle des entrées et sorties, et l’interdiction d’avoir plus de dix personnes réunies sur la voie publique »
Johann Delarche, adjoint aux fêtes de la ville de Frévent
« On a essayé de joindre la préfecture plusieurs fois cette semaine, mais les informations étaient encore très vagues. On a un protocole générique, on pensait reprendre celui des terrasses de café, mais on a appris ce matin qu’il fallait que l’organisateur prévoit un protocole sanitaire très strict, avec contrôle des entrées et sorties, et l’interdiction d’avoir plus de dix personnes réunies sur la voie publique », explique Johann Delarche. Adjoint aux fêtes de la ville de Frévent, il avait pourtant travaillé en amont pour tout préparer : « On a hésité à organiser la fête de la musique, mais on voulait vraiment la faire pour relancer les manifestations. On y a mis beaucoup d’énergie depuis quinze jours, on avait tout préparé, prévu de fermer la route et de mettre des barrières. La préfecture nous a dit ce matin que l’organisateur pouvait monter un dossier, mais le protocole est trop strict à mettre en œuvre, même pour une commune. On a préféré annuler plutôt que de risquer une fermeture administrative pour les établissements. On était les seuls dans le secteur à proposer quelque chose. On aurait forcément eu beaucoup de monde et on aurait été contrôlés. »
« On nous impose un protocole sanitaire pour des concerts en extérieur alors que le lendemain, toutes les écoles vont rouvrir. »
Jean-Marie Plouviez, patron de La Civette à Frévent
Pas de fête de la musique donc, mais Johann Delarche espère que les manifestations festives pourront reprendre rapidement, notamment pour soutenir les différents établissements de la ville qui connaissent une reprise difficile. À la Civette, Jean-Marie Plouviez informe les artistes de l’annulation de dernière minute, mais entretient l’espoir : « On avait fait une bonne réunion vendredi dernier. Les artistes s’étaient échangé leurs numéros pour faire un final tous ensemble, ça promettait une belle fête. On pourra peut-être reprogrammer la même affiche pour le 13 juillet, mais on va attendre de voir comment évolue la situation sanitaire. C’est quand même fou qu’on nous impose un protocole sanitaire pour des concerts en extérieur alors que le lendemain, toutes les écoles vont rouvrir. »