Fin programmée de la chirurgie à la polyclinique du Ternois

« Les salariés sont très inquiets, notamment ceux du bloc. Plusieurs ne dorment plus depuis une semaine. » Déléguée syndicale pour la CGT, Stéphanie Anot et sa collègue de l’UNSA, Christine Obœuf, ont adressé un courrier aux élus du secteur pour alerter sur la situation de la polyclinique du Ternois. Le conseil d’administration de l’établissement se réunira jeudi matin pour statuer sur l’avenir de deux activités essentielles de la polyclinique : la chirurgie et le service d’accueil non programmé (ce qu’il reste des urgences). Les salariés n’ont que peu d’espoir au regard de l’évolution des activités de la polyclinique qui ont été détricotées année après année, au profit de celle de Divion.

Une vingtaine d’emplois menacés par la disparition de la chirurgie

Depuis le rachat de la polyclinique du Ternois par le groupe hospitalier AHNAC, la chirurgie a été vampirisée par Divion, mais il en reste encore un peu à sucer. Pour Stéphanie Anot, la fin de l’activité de chirurgie est programmée depuis longtemps : « Quand on a des réunions avec la direction, on comprend que c’est quasiment fait. On attend l’officialisation jeudi. » La disparition de la chirurgie pourrait avoir un impact sur au moins une vingtaine de salariés, des infirmiers aux brancardiers, en passant par le personnel administratif. « La polyclinique de Divion manque d’activité. On incite les chirurgiens à s’installer là-bas plutôt qu’à Saint-Pol. Certains effectuent des consultations dans le Ternois mais orientent ensuite vers Divion pour les opérations », explique un salarié (qui souhaite, comme d’autres, rester anonyme) qui rappelle que d’importants investissements ont été engagés sur le bloc opératoire voici trois ans. La polyclinique du Ternois emploie également des secrétaires médicaux qui envoient ensuite les patients vers Divion : Saint-Pol supporte les coûts, Divion tire les bénéfices. La déléguée CGT souligne néanmoins que plusieurs médecins, y compris installés à Divion, souhaitent maintenir la chirurgie à Saint-Pol, mais elle ne peut que constater la baisse d’activité, suite notamment aux départs de médecins bien installés à la polyclinique du Ternois. Elle regrette également que les médecins généralistes orientent les patients vers d’autres établissements que la polyclinique, mais explique cela par les dépassements d’honoraires qui ont explosé avec l’arrivée de nouveaux médecins.

« L’AHNAC a racheté la polyclinique du Ternois pour récupérer les urgences et la chirurgie »

Quant aux urgences, elles ont également fait les frais du rachat : « L’AHNAC a racheté la polyclinique du Ternois en 2008 afin de récupérer son autorisation pour les urgences et l’activité de chirurgie », explique un salarié. Ainsi, le service d’urgences 24h/24 a été transféré à Divion, avec la subvention associée. Ne reste à Saint-Pol qu’un accueil des entrées non programmées : un service dont l’ouverture est aujourd’hui assurée de 9h à 19h (contre de 8h à 20h voici encore quelques semaines). Quant aux week-ends, si l’accueil est normalement assuré, ce n’était pas le cas samedi et dimanche derniers : aucun médecin n’était présent pour prendre en charge les patients. L’accueil des entrées non programmées n’est pas subventionné par l’ARS et la direction de la polyclinique estime son coût à 400 000 euros par an.

« On s’oriente vers un véritable désert médical »

La direction de l’établissement annoncera jeudi aux salariés ce qu’il adviendra de la chirurgie et de l’accueil non programmé. Sur ce dernier point, l’ARS pourrait apporter une solution provisoire en apportant des fonds pour combler le manque de 400 000 euros. En revanche, le pronostic pour la chirurgie est critique. En attendant que le couperet tombe, la crainte pèse sur le personnel de la polyclinique : « Les salariés s’inquiètent de ce qu’ils vont devenir dans quelques mois. Beaucoup sont présents depuis la création de la polyclinique. Ils sont attachés au territoire et à l’offre de soins de proximité. Là, on s’oriente vers un véritable désert médical. »

Les salariés sont invités à se réunir ce jeudi à 16h devant la polyclinique pour l’annonce des décisions de la direction. Les habitants peuvent venir manifester leur soutien aux salariés et leur attachement à l’offre médicale de proximité.


Nous n’avons pas réussi à joindre la direction de la polyclinique à l’heure où nous publions ces lignes. Marc Bridoux, président de TernoisCom, n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet.

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