Exclusif : Merlin nous raconte la terrifiante traque de Marie-Grauette à Monchy-Breton

De nos jours, plus grand monde ne s’intéresse à nous autres magiciens, sorciers et aux habitants des mondes fantastiques. À Monchy-Breton, la magie opère toujours et mes amis n’oublient jamais de m’inviter chaque 31 octobre pour les guider et les protéger dans leurs pérégrinations à la recherche de Marie-Grauette à travers le village. L’an passé, nous n’avions croisé aucune créature maléfique et peut-être est-ce pour cela que les chasseurs de sorcières sont un peu moins nombreux ce jeudi, certains ayant naïvement cru que les maléfices avaient été définitivement dissipés. Ce n’était qu’un leurre des forces du mal qui espéraient ainsi pouvoir facilement prendre le contrôle du village ! Heureusement, des dizaines de fidèles compagnons, ainsi que quelques nouvelles recrues, ont répondu à l’appel de Fabienne Boëte qui leur avait donné rendez-vous devant sa taverne, Tartous & Cie.

Une présence malfaisante détectée dès le départ du cortège

À la nuit tombée, après avoir rassemblé les téméraires de tous âges, la tenancière leur rappelle les consignes de prudence pour éviter les pièges des esprits maléfiques. Une fois les flambeaux distribués aux plus grands, j’appelle à ma suite toute la troupe et mon fidèle ménestrel donne le rythme de la marche en frappant sans relâche sur sa percussion. À peine partis, nous remarquons les premiers signes d’une présence étrange lorsque les plants de maïs s’agitent sans que le vent ne se soit levé. En entrant dans la rue du 8 mai, nous découvrons sept créatures figées, perchées sur un mur, qui s’animent lentement à notre passage. Pas de quoi nous effrayer mais leurs terrifiants visages nous incitent à rester sur nos gardes. Alors que j’entraîne le cortège le long du cimetière du village, les esprits malfaisants me frôlent à toute vitesse pour aller s’installer quelques dizaines de mètres devant nous, sous le porche d’une ferme, nous forçant à nous arrêter à leur hauteur. Une sorcière essaie de nous envoûter en nous racontant une histoire, mise en scène par son comparse malfaisant. En tant qu’enchanteur avec quelques siècles d’expérience, je ne me laisse pas duper mais je remarque qu’à l’arrière du cortège, d’autres esprits sont apparus et s’efforcent aussi d’ensorceler mes ouailles. Mon ménestrel réveille tout le monde par quelques coups de tambour et nous repartons de l’avant, alors que les esprits se sont envolés aussi vite qu’ils étaient apparus.

Plateau de doigts, mur de flammes et créatures terrifiantes

En remontant la rue d’Amette, nous retrouvons le couple maléfique qui essaie une nouvelle fois de détourner les membres de la procession en leur offrant à manger, mais pas n’importe quel plat : ils ont cuisiné des doigts ! Sans doute ceux d’esprits faibles, tombés sous les maléfices de ces puissants sorciers. Mes compagnons de route sont solides mais je constate que le poison fait son effet, quelques-uns avançant même l’idée de brûler Merlin ! Je ne bronche pas, conscient que leur raison commence à défaillir, et je reste concentré sur notre quête : trouver Marie-Grauette. Justement, un jeune acolyte, un hachoir planté en travers du crâne, affirme l’avoir entendue dans un champ, droit devant nous. Nous reprenons notre marche dans la direction indiquée et nous tombons sur une idole plantée au milieu du carrefour, avec les traits hideux de Marie-Grauette ! C’est alors qu’émerge de l’obscurité une abominable créature, aux traits vaguement humains mais aux membres démesurés. Elle s’avance vers nous, essaie d’attraper de ses doigts énormes quelques uns de nos compagnons, mais la bête est lente et mes jeunes acolytes sont vifs, malgré la peur qui commence à s’emparer d’eux. Impossible de fuir, l’autre route est barrée par un adepte de la sorcière qui crache des flammes pour ériger une barrière de feu. Les monstres finissent par s’épuiser sans réussir à diviser notre groupe qui repart de l’avant, toujours aux aguets. Dans une dernière tentative de déstabilisation, trois striges nous tombent dessus, armés de sabres enflammés. L’une d’elle s’attaque à mes protégés, je lis la peur dans leurs yeux et la folie dans ceux du démon. Ma barrière magique empêche les flammes d’emporter mes comparses et les diablotins se lancent alors dans une danse des sabres hypnotique, tels des derviches possédés. Après une heure face à ces déments, la raison de mes compagnons commence à vaciller, certains demandent des sacrifices, d’autres partent hagards dans les rues du village, sans protection. Je secoue mon ménestrel qui reprend ses esprits et son jeu de tambour.

Une soupe et un bûcher pour dissiper les maléfices

Nous repartons vers Tartous & Cie avant qu’il ne soit trop tard. Les esprits maléfiques nous poursuivent, tout en restant à bonne distance, observant avec délectation la folie s’instiller. J’ai de plus en plus de mal à contenir mes camarades qui s’éparpillent, hurlent des propos incohérents, ensorcelés par les sortilèges de Marie-Grauette. A l’approche de notre refuge, j’invite le cortège à conjurer le sort en scandant le nom de la sorcière, pour lui montrer que nous savons bien que c’est elle qui est à la manœuvre. Nous rejoignons enfin Fabienne qui a préparé sa soupe purificatrice afin de dissiper les mauvaises ondes accumulées au contact des esprits malfaisants. Mes camarades reprennent peu à peu leurs esprits en absorbant la mixture, pourtant quelques-uns parmi les plus jeunes sont encore sous l’emprise de la sorcière qui essaie de les retourner contre moi, leur protecteur ! Certains me tirent la barbe, dérobent mon chapeau, poursuivent le vieux Merlin en proférant des menaces. Finalement, les maléfices disparaissent totalement lorsque Fabienne lance dans les flammes le mannequin de Marie-Grauette confectionné avec les enfants. La fumée s’élève du bûcher emportant avec elle les mauvais esprits et laissant ceux de la fête envahir tous nos compagnons. Une fois encore, nous avons bravé et déjoué les mauvais tours de Marie-Grauette. Tandis que mes camarades festoient et célèbrent la victoire sur les forces du mal, je les quitte discrètement, rassuré de savoir que Monchy-Breton et ses habitants seront tranquilles pendant une année, mais tout en gardant à l’esprit que Marie-Grauette est toujours présente et prête à surgir pour jouer quelque mauvais tour.

Photos par Alissoyova : https://www.arphotographie.fr/

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