« Nous avons participé à la coupe du Nord, à cinq championnats de France, alors pourquoi pas le championnat du monde ! » Lancée comme une boutade, la folle idée est devenue réalité : deux résidents du foyer de Canteraine et deux encadrantes partiront en octobre au championnat du monde de Hansa-voile à Hiroshima, au Japon. Cette compétition associe personnes valides et atteintes d’un handicap dans des voiliers adaptés : « Les bateaux Hansa ne peuvent pas se retourner et sont insubmersibles. Ils ont été imaginés pour les personnes atteintes d’un handicap, mais tout le monde les utilise, maintenant », explique Marie-Christine Rigaut. Monitrice-éducatrice au foyer de Canteraine, elle fera partie du voyage, ainsi que sa collègue Virginie Lavigne, aide-soignante. Elles constitueront les binômes respectifs de Sébastien Grad et Géry Caresmel. Tous les quatre décolleront le 8 octobre pour le Japon, avec trois animateurs de la base nautique de Conchil-le-Temple où s’entraînent chaque semaine des résidents du foyer de Canteraine.
Sébastien Grard, champion de France 2017 de Hansa-voile, sera du voyage
« Nous pratiquons la voile depuis neuf ans. Nous avons appris à naviguer en même temps que les résidents », sourit Marie-Christine Rigaut. Les premiers skippers du foyer ont ensuite appris à leurs camarades à utiliser les bateaux, et ils sont désormais une quinzaine à se rendre chaque semaine à la base nautique de Conchil-le-Temple, de mi-mars à mi-novembre. « S’il n’y a pas de vent, ils font du kayak, de la marche ou s’occupent des bateaux, effectuent de petites réparations. Ils participent à la vie de la base : des liens se sont créés avec l’équipe et ils se sentent chez eux désormais, à tel point que certains s’accordent une sieste sur les filets des catamarans », rapporte l’éducatrice. Comme pour toute compétition, il a fallu choisir les représentants du foyer de Canteraine. Logiquement, Sébastien Grard a été retenu, auréolé de son titre de champion de France 2017. Six autres skippers ont participé au championnat de France, c’est Géry Caresmel qui est apparu le plus apte à participer à l’aventure japonaise : « Les performances sportives ont joué, mais pas seulement. Les résidents fatiguent très vite, c’est un long voyage, il faut être en mesure de prendre l’avion et de partir durant deux semaines. Évidemment, les autres sont déçus, mais on a promis de ramener à tous un souvenir du Japon. »
« Financièrement, c’est quasiment fait. On va y aller, on a déjà les billets d’avion »
Pour concrétiser ce rêve de championnat du monde, les deux éducatrices ont dû se démener pour dégoter près de dix mille euros pour payer les billets d’avion, l’hébergement sur place, le matériel et tous les à-côtés. « On a lancé l’idée comme un défi, mais on s’est donné les moyens de le réaliser. Il a d’abord fallu convaincre notre direction, qui a accepté sous réserve que nous trouvions les financements. On a envoyé des demandes au département, à la région, au ministère des Sports et à celui de la Santé qui se sont renvoyé la balle. Heureusement, on a pu compter sur la population locale. On nous a proposé d’organiser diverses manifestations dans le Ternois pour récolter des fonds. On a même dû en refuser car nous n’avions pas le temps de tout faire. » « Ces derniers mois, nous n’avions plus trop de vie privée », confirme Virginie Lavigne. Ainsi, une marche et un match de foot de gala ont été organisés à Frévent, ainsi qu’une brocante à Monchy-Cayeux. La dernière manifestation sera une grande soirée dansante ce samedi 4 août à Anvin. Le projet fait également l’objet d’un livret publicitaire qui devrait permettre de récupérer de quoi boucler le budget et de nombreux particuliers ont versé des dons, parfois assez conséquents. « Financièrement, c’est quasiment fait. C’est sûr, on va y aller, on a déjà les billets d’avion », annonce Marie-Christine Rigaut, qui sait que la compétition sera rude. « Il n’y a pas de distinction entre les handicaps physiques et intellectuels, tous concourent dans la même catégorie. De plus en plus de personnes pratiquent l’Hansa-voile, d’autant que la discipline pourrait être introduire aux Jeux Paralympiques de Paris », explique Jérémie Chaussoy, l’un des quatre animateurs de la base nautique qui accompagneront la délégation au Japon et qui était le binôme de Sébastien Grard lorsqu’il a décroché son titre de champion de France. Qu’importe l’adversité, la délégation ne va pas au Japon pour faire de la figuration : « On a donné toute notre énergie, on a mobilisé les familles, les amis et on y va pour revenir avec quelque chose. »
Samedi 4 août : soirée dansante années 80, salle des fêtes d’Anvin. Animation: Jonathan De Backer. Venez déguisé. Restauration sur place.
Vous pouvez aussi contribuer à financer le projet avec la cagnotte en ligne.
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