Des lycéens de Châtelet rejoignent la mobilisation nationale

« On a lancé un appel à suivre le mouvement national sur les réseaux sociaux. Nous n’étions que quelques-uns au départ, mais tout s’est emballé hier soir. » Casquette sur la tête, sous la pluie, Manolo Toilliez est l’un des initiateurs du mouvement et n’est pas peu fier du résultat : ce jeudi matin, seuls quelque quatre cents des mille cent élèves du lycée Châtelet assistaient aux cours. Ils étaient environ deux cents devant le lycée, les autres ayant profité du mouvement pour rentrer chez eux, voire ne pas venir du tout. Ce sont des élèves de terminale littéraire qui sont à l’initiative, avec des revendications claires : « Nous protestons contre la mise en œuvre de Parcours Sup, contre la réforme du bac, ainsi que la hausse des droits d’inscription à l’université pour les étudiants étrangers », résume Mélanie Mauduit. Si elle est personnellement concernée par Parcours Sup, elle insiste sur l’importance d’être solidaire avec les élèves de seconde qui vont expérimenter le nouveau baccalauréat : « La réforme prévoit de limiter le bac à quatre matières principales, un grand oral et deux options. Les séries S, ES et L seront supprimées », expliquent les lycéens. « Notre action n’est pas liée aux gilets jaunes, c’est vraiment pour les étudiants, insiste Mélanie. On nous incite souvent à participer à des manifestations sans qu’on en connaisse le sujet, mais cette fois on se sent vraiment concernés. Toutes les classes et filières sont représentées aujourd’hui. » Ils sont ainsi près de deux cents devant la grille du lycée et surtout sous le porche, à l’abri de la pluie.

« Nous leur avons demandé de laisser passer les élèves qui veulent assister aux cours »

Musique, danse, cotillons, l’esprit est à la fête et les instigateurs du mouvement tiennent à maintenir cette bonne ambiance : « On doit être respectueux des lieux. On a la chance d’avoir un lycée, on ne va pas le dégrader », rassure Mélanie. Quelques-uns ont jeté des œufs ou sont allés chercher des chariots à Intermarché, mais ont vite été recadrés par les autres lycéens et le proviseur qui laisse l’action se dérouler, mais dans un esprit démocratique : « Nous leur avons demandé de laisser passer les élèves qui voulaient assister aux cours, explique Emmanuel Damiens. Ceux qui préfèrent rester dehors le peuvent, sous leur responsabilité. Nous avons également informé les parents que l’accès des élèves est sécurisé et que les cours sont assurés. Les lycéens peuvent exprimer leur mécontentement, mais nous nous assurons qu’il n’y ait pas de débordement. » Pour le proviseur, il sera difficile de revenir sur la réforme du bac et il estime que Parcours Sup n’est pas un si mauvais système : « Avant Parcours Sup, les affectations étaient un peu aléatoires. L’objectif du dispositif est d’éviter les échecs lors de la première année d’études supérieures. Il a été mis en place l’année dernière et aucun de nos élèves ne s’est retrouvé sans solution après le bac. Nous travaillons avec eux dès le collège et tout au long du lycée pour préparer au mieux leur orientation. » En poste depuis trois ans, le proviseur connaît sa première manifestation au lycée Châtelet. S’il constate avec satisfaction que tout se déroule dans le calme, il espère que le mouvement ne durera pas : « Les organisateurs annoncent que le mouvement n’est prévu que pendant une journée, mais nous verrons ce qu’il en sera demain. Des actions sont organisées pour le Téléthon vendredi et lundi, j’espère que nous pourrons les maintenir. » La banderole annonçant le Téléthon sur la grille d’enceinte est maintenant entourée d’un drapeau français et des divers slogans inscrits sur des cartons qui volent au vent.

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