Des bêches et des bâches pour que la population de grenouilles croisse

Avec l’arrivée du printemps, les amphibiens sortent de leur hibernation et entament une migration nuptiale. Tritons, salamandres, grenouilles et crapauds bravent tous les dangers pour atteindre leur lieu de rendez-vous, mais leur épopée est loin de ressembler à un conte de fée. Pour les aider dans leur périple, une quinzaine de bénévoles se sont retrouvés samedi matin à Ligny-sur-Canche afin d’ériger un barrage à l’orée d’un bois qui borde la route départementale. Une bâche, dressée sur environ cent cinquante mètres de long, retient les batraciens et les guide jusque dans l’un des quinze seaux enterrés.

« On n’empêchera pas les hérons ou les rats de manger les grenouilles »

Chaque matin, jusque début avril, des groupes de deux à trois personnes se relaient pour récupérer, compter, identifier et amener les batraciens jusqu’à l’étang de Waligny, de l’autre côté de la route. Cette opération de sauvetage des « garnoules » est organisée depuis dix ans maintenant, dans le cadre de l’opération nationale Fréquence Grenouille. « Toutes les données récoltées servent à l’étude scientifique », précise François Chemin, chargé de mission du Conservatoire des espaces naturels du Nord-Pas-de-Calais.

En 2006, alertés par les nombreux spécimens écrasés sur la D941, les habitants et le maire de Ligny-sur-Canche ont contacté le Conservatoire. « Ça nous a valu quelques moqueries les premières années, puis les maires des communes alentour se sont rendu compte qu’il fallait agir », raconte Jean-Paul Boué, président de l’association Bien vivre à Ligny-sur-Canche. « En dix ans, on a permis à 4 500 amphibiens de se reproduire. Nous laissons faire la nature au maximum, mais il s’agit-là de réparer le désastre pour la biodiversité que représente cette route. Pour le reste, on n’empêchera pas les hérons ou les rats de les manger. »

« On sera là tous les matins, à 9 heures, les huit prochaines semaines »

« Tout le monde ne peut pas toucher les grenouilles. Il faut être bien renseigné avant d’y être autorisé, rappelle Jean-Paul Boué. Mais si les gens sont intéressés, ils peuvent venir nous voir. On sera là tous les matins, à 9 heures, les huit prochaines semaines. » Les amphibiens sont une espèce protégée et ces dispositifs de sauvegarde mobilisent aussi bien des habitants de Ligny que de villages voisins et même de Béthune. L’équipe de bénévoles comptait notamment deux résidents d’origine britannique, particulièrement sensibles aux questions environnementales. La neige n’a pas découragé les sauveteurs qui ont pris plaisir à se retrouver autour d’un café et du repas du midi, après une matinée d’effort. Une bonne façon d’accueillir le printemps et de jouer au jeu de la grenouille, version grandeur nature.

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