« Partout, les échos sont bons. Nous devrions avoir une forte mobilisation », annonce le secrétaire de la fédération communiste du Pas-de-Calais, Hervé Poly. À Saint-Pol, l’appel à la grève aura été entendu par les enseignants : « La grève est suivie par 90 % des enseignants de nos deux écoles : seule une classe élémentaire devrait être maintenue », annonce la mairie qui doit mettre en place un service minimum. Les écoles seront ouvertes, ainsi que la cantine et la garderie, mais les élèves seront simplement accueillis dans les établissements, sans bénéficier des cours. Les cheminots sont également très remontés suite à l’annonce de la réforme du gouvernement qui pourrait conduire à la fermeture d’un certain nombre de petites lignes. Si la région s’est voulue rassurante sur l’avenir de l’étoile ferroviaire de Saint-Pol, la CGT et le Parti communiste attendent de voir la réalisation des travaux et restent vigilants et mobilisés. Jeudi, aucun train ne partira ou n’arrivera à Saint-Pol. Seuls quelques cars assureront les trajets vers Arras et Béthune, avec parfois une logique déconcertante : pour Béthune, trois bus sont programmés le matin mais à 10h03, 11h02 et 11h32, pas vraiment utile pour les étudiants et travailleurs. En revanche, les bus habituels, affrétés par la région et assurant la liaison entre Arras et Boulogne sont maintenus.
« On empêche l’accès à l’emploi, c’est une catastrophe »
Cette mobilisation d’ampleur a un objectif clair : faire reculer le gouvernement sur son projet de « casse du service public ». Pour préparer la mobilisation et faire le point sur la situation de l’étoile ferroviaire de Saint-Pol, une délégation d’élus communistes est venue à la rencontre de la CGT mercredi, emmenée par le sénateur Dominique Watrin. La fermeture des petites lignes les inquiète fortement et ils craignent de voir se développer une France à deux vitesses : « Il serait aberrant que cette nouvelle réforme aggrave encore l’accès à la mobilité. Le sentiment d’abandon des territoires ruraux est très dangereux politiquement. » Une syndicaliste témoigne de cette réalité : « J’habite à Fruges où nous avons le sentiment d’être abandonnés à tous les niveaux. Avant, je pouvais encore conduire mon fils à Anvin pour qu’il puisse prendre le train pour ses études. Aujourd’hui, on est complètement isolés. » Même constat pour le secrétaire de l’union locale CGT d’Hesdin : « Pour trouver du travail, les habitants d’Hesdin doivent se tourner vers Saint-Pol ou Boulogne. Comment font ceux qui n’ont pas de voiture ? On empêche l’accès à l’emploi, c’est une catastrophe. Nous avons contacté tous les maires des communes situées le long de la ligne, seuls deux nous ont répondu. Nous n’avons pas vu les élus mobilisés pour défendre le train. »
« Le service public n’est pas une question de rentabilité mais de choix de société »
Les élus communistes et les cégétistes ne baissent pas les armes et souhaitent entraîner avec eux la population : « Nous avons réussi à créer une mobilisation autour de l’étoile ferroviaire de Saint-Pol l’année dernière. Nous devons continuer à travailler en ce sens, reconstruire des initiatives locales. » Une réunion d’information à destination des habitants pourrait ainsi être organisée prochainement. Pour l’instant, la priorité est à la mobilisation de jeudi. Aucune action n’est prévue à Saint-Pol mais l’union locale CGT ira grossir les rangs de la manifestation de Lens, à 14h30. « Un élu communiste ne peut rien faire sans les militants et la population. Nous devons compter sur la mobilisation de l’opinion pour faire échec à ce projet libéral », estime Dominique Watrin. Hervé Poly ne le dément pas : « Le service public n’est pas une question de rentabilité mais de choix de société. Nous sommes au début d’une grande bataille, mais il faut bien avoir conscience que nous pouvons la gagner. »
Prévisions de circulation pour la ligne Arras – St-Pol – Étaples et la ligne St-Pol – Béthune – Lille.