Vous vous imaginez partir chasser ou jouer à la belote durant une intervention médicale ? Les patients de la polyclinique de Divion peuvent faire cette expérience et subir une opération sous anesthésie locale tout en effectuant un voyage intérieur, guidés par Mathilde Delaby. Infirmière depuis une quinzaine d’années, spécialisée dans les douleurs chroniques, elle s’est formée à l’hypnose thérapeutique : « Il me manquait un outil pour gérer l’angoisse des patients. Grâce à l’hypnose, le patient peut aller se balader ailleurs durant l’opération, ce qui lui permet d’être plus serein. Parfois, certains rigolent durant l’intervention ! » Forte de cette expérience réussie, Mathilde Delaby souhaite désormais mettre ses connaissances au service de la médecine de ville et s’est installée début mars à la maison médicale d’Anvin, à quelques kilomètres de son domicile d’Érin. Après avoir convaincu ses collègues hospitaliers des vertus de l’hypnose, elle doit maintenant expliquer au grand public son travail et déconstruire certaines idées reçues : « Dans la croyance populaire, l’hypnose est spectaculaire, mais ça n’a rien à voir avec ce que je fais. J’ai un diplôme universitaire de médecine et je continue de me former. L’hypnose est une thérapie solutionniste : elle aide le patient à retrouver des mécanismes intérieurs, il doit prendre conscience que la solution vient de lui. Le patient a plein de ressources en lui, je l’aide à trouver ces mécanismes et je l’accompagne vers ses objectifs. On connaît de mieux en mieux le cerveau grâce aux neurosciences : c’est un labyrinthe et j’accompagne le patient vers ses objectifs. »
« J’écoute énormément ce que me dit le patient, les mots qu’il utilise. L’hypnose, c’est beaucoup de parlotte ! »
Mathilde Delaby, hypnothérapeute à la maison médicale d’Anvin
La première étape consiste donc à définir quels sont les objectifs de la thérapie : gestion de la douleur, de la dépression, du stress, de la confiance en soi, arrêt du tabac, de l’alcool ou autres addictions… L’hypnose peut être utilisée dans nombre de cas mais suppose toujours l’implication du patient : « Si quelqu’un vient dans mon cabinet et me dit qu’il veut arrêter de fumer en une séance, ça ne va pas marcher : l’hypnose n’est pas une solution miracle. Les patients travaillent quand ils viennent ici. Il est important que la personne appelle elle-même pour prendre rendez-vous, elle doit être actrice dans sa démarche. » Si elle est prête à réaliser ce travail sur lui-même, Mathilde Delaby peut alors engager sa thérapie en commençant par une longue discussion : « J’écoute énormément ce que me dit le patient, les mots qu’il utilise. L’hypnose, c’est beaucoup de parlotte ! Mais la communication n’est pas uniquement verbale, le corps parle aussi beaucoup. Certaines personnes sont plutôt visuelles, d’autres olfactives, auditives, kinesthésiques… J’ai une énorme boîte à outils à ma disposition, je me sers de ce que le patient me donne. Tout le monde est réceptif à l’hypnose, mais je dois trouver la clé propre à chacun. Une fois qu’on a validé l’objectif thérapeutique avec le patient, on peut aborder le travail hypnotique. »
« On peut travailler sur les croyances, les représentations, parfois apprendre à accepter les choses. Il n’y a pas de bien ou de mal, mais uniquement des expériences de vie. »
Mathilde Delaby, hypnothérapeute à la maison médicale d’Anvin
Pourtant, sans que le patient s’en soit rendu compte, le travail a commencé dès l’arrivée au cabinet, avec la communication thérapeutique : ainsi, Mathilde vous dira « Rassurez-vous », plutôt que « Ne vous inquiétez pas » ; elle s’assoira à votre hauteur, au lieu de vous prendre de haut. Autant de petites attentions qui n’ont l’air de rien mais permettent d’instaurer un climat de confiance entre la thérapeute et son patient, que ce soit dans son cabinet ou à l’hôpital. « Quand une personne arrive avec son sac à dos chargé de peurs, je l’invite à déposer son sac. Le stress est une anticipation des événements, c’est une transe négative, tout comme l’amour est une transe positive. Si une personne appréhende une opération, un examen ou de passer le permis de conduire, je peux lui faire vivre l’événement de façon positive pour atténuer l’angoisse. Lorsqu’on expérimente quelque chose, on l’apprend : c’est comme quand on apprend à faire du vélo, chaque expérience est un apprentissage pour la vie. On peut aussi modifier la perception de souvenirs pesants, travailler sur des automatismes néfastes comme pour les problèmes d’alimentation, la consommation d’alcool ou de tabac. Je ne peux pas modifier le passé, mais on peut travailler sur les croyances, les représentations, parfois apprendre à accepter les choses. Il n’y a pas de bien ou de mal, mais uniquement des expériences de vie. »
« Moi-même, je ne suis pas tout le temps heureuse, mais j’ai appris à prendre de la distance par rapport aux événements. »
Mathilde Delaby, hypnothérapeute à la maison médicale d’Anvin
Pour ce faire, Mathilde invite ses patients à la transe, un état de relaxation et de détente permettant d’oublier le monde extérieur. De sa voix douce, ponctuée de silences, elle les guide vers leur monde intérieur où elle leur apprend à s’ancrer dans le présent, à lâcher prise sur les éléments qui leur échappent, à se recentrer sur eux-mêmes. « Ça a bouleversé ma façon de voir les choses, je sais maintenant prendre plus de distance. Quand un patient me dit qu’il va mal, je lui demande s’il pense réellement aller mal tout le temps, je lui fais prendre conscience que ce n’est pas le cas. Moi-même, je ne suis pas tout le temps heureuse, mais j’ai appris à prendre de la distance par rapport aux événements », témoigne la praticienne, dont la sagesse, le sourire et les pensées positives invitent déjà à se recentrer sur le moment présent pour retrouver le bien-être et la paix.
Mathilde Delaby, praticienne en hypnose médicale
Contact : 06.47.33.25.60.
Maison de santé “Les Vertes Collines”, 200 rue d’Heuchin – 62134 Anvin
Facebook : Mathilde Hypnose
Tarif : 50€ la séance d’une heure. Prise en charge possible selon les mutuelles.