« Globalement, les gens nous soutiennent, même s’il y a toujours quelques mécontents. On veut que tout se passe bien, que ça reste bon enfant et éviter tout débordement », prévient Anthony Willems De La Housse, l’un des organisateurs de la manifestation des gilets jaunes à Saint-Pol. Leur action est l’une des rares à être déclarée en préfecture : « Nous avons annoncé une opération au rond-point d’Intermarché samedi, à partir de 8h30, pour une durée indéterminée. Si nous sommes suffisamment nombreux, nous irons également au rond-point de Mc Do, celui de la zone d’Herlin-le-Sec et peut-être à la station-service de Saint-Michel. » Pour l’instant, les organisateurs n’ont aucune idée du nombre de manifestants mais recensent plus de quatre cents personnes dans leur groupe de discussion Facebook : « On sait que la mobilisation sera importante au niveau national, mais on verra samedi combien seront vraiment présents à Saint-Pol. Des agriculteurs nous ont dit qu’ils seraient là, avec des pneus et des ballots. Un groupe de motards doit venir de Cambrai, passer par Lillers et ramener du monde », annonce Anthony Willems De La Housse.
« Il s’agit d’un mouvement citoyen, pas de banderole d’organisation syndicale ou politique »
L’objectif est de perturber la circulation mais pas de la bloquer totalement : « On laissera passer tous les véhicules prioritaires, ceux qui ont un gyrophare bleu, mais aussi les infirmiers et les aides à domicile : on ne va pas les empêcher de s’occuper de nos aînés. » Sophie Ricart, qui a déposé la déclaration de manifestation en préfecture, confirme : « Nous n’avons pas le droit de bloquer totalement la circulation. Nous ferons plutôt un filtrage ou une opération escargot. » Les organisateurs de la manifestation saint-poloise souhaite que tout soit fait dans les règles et éviter les débordements : « On ne veut pas de casse ni de dégradation. Il s’agit d’un mouvement citoyen, nous n’accepterons pas de banderole ou de drapeau d’organisation syndicale ou politique », prévient Anthony qui a déjà préparé sa propre banderole à l’intention du président, avec un vocabulaire fleuri. Il s’est également lancé dans la distribution de tracts, imprimés par sa sœur Caroline : « J’en ai imprimé soixante-dix, je n’ai plus d’encre dans mon imprimante ! J’étais plutôt du genre à rester dans mon lit, mais là, j’ai voulu faire quelque chose. Chacun apporte sa contribution. » Une opération de tractage a déjà eu lieu dimanche à la station-service d’Intermarché, une autre jeudi à Anvin et à Saint-Pol, des banderoles ont été installées sur les ronds-points aux entrées de la ville, certains préparent de la nourriture et du café pour alimenter les manifestants pour tenir le siège. « La manifestation pourra se poursuivre si nos revendications ne sont pas entendues. Certains appellent à continuer le blocage dans la nuit de samedi à dimanche, mais aussi les jours suivants. »
« Samedi, ce ne sera que le début »
Anthony est prêt à passer la nuit sur place ou à rejoindre d’autres points de blocage par la suite. Reste à savoir quelles sont les revendications des manifestants. Pour Anthony, la colère dépasse la question du prix du carburant : « Les taxes sur le carburant, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. C’est un ras-le-bol général. On tape toujours sur les petits, sur les travailleurs, les retraités et les gros s’en mettent plein les poches. Les policiers sont payés une misère alors qu’ils prennent des risques. Les professeurs se font supprimer des postes et ont toujours plus d’élèves. Quand le gouvernement nous lâche quelque chose d’un côté, il nous taxe de l’autre côté. La contestation est devenue tellement large qu’on en arrive à demander la démission du gouvernement. Mon grand-père me parle de mai 68, certains veulent faire la révolution. Samedi, ce ne sera que le début. »
D’après la compagnie de gendarmerie, d’autres actions non déclarées pourraient se mettre en place : sur la place de Pernes-en-Artois, au Carrefour Market d’Auxi-le-Château, et possiblement sur le parking de l’aire de covoiturage d’Aubigny-en-Artois.