À Nédonchel, l’hospitalité est réciproque entre le préfet, le village et les réfugiés

Tout le monde était sur son trente-et-un pour la venue du préfet au centre d’accueil de Nédonchel : le maire et ses homologues, les salariés de la Vie Active, les réfugiés et leurs enfants. Et le préfet évidemment qui n’aurait « raté cette occasion pour rien au monde. » Fabien Sudry a tenu à participer à la cérémonie des vœux du maire au centre d’accueil et d’examen des situations qui héberge des réfugiés de passage depuis décembre 2017. L’arrivée de migrants avait alors profondément divisé le village, le conseil municipal s’étant même prononcé contre le projet. Depuis, près de mille réfugiés sont passés par Nédonchel, quelques jours ou plusieurs mois, sans que la vie du village s’en trouve bouleversée : « On a relevé quelques incivilités, souvent dues aux différences de culture », constate le maire, ce que confirme Claude Picarda qui évoque des cueillettes de pommes ou des barrières mal fermées. Même la page Facebook « Nédonchel se bat contre l’arrivée des migrants » n’a rien à se mettre sous la dent depuis des mois, hormis quelques véhicules mal garés. Trois populations cohabitent à Nédonchel : 190 villageois, 83 résidents dans la maison de retraite et une centaine de réfugiés en moyenne.

« La présence des enfants a largement contribué à apaiser le climat »

Ils sont plutôt soixante-dix en ce moment, dont une vingtaine d’enfants de tous âges. « Le bâtiment dispose de grandes chambres, ce qui favorise l’accueil des familles. La présence des enfants a largement contribué à apaiser le climat », souligne Claude Picarda, directeur du centre. Certains font leurs premiers pas à Nédonchel, d’autres devraient être au collège. Pour la réception du préfet, ils interprètent une chanson en français (Je te le donne de Vitaa et Slimane selon La Voix du Nord) devant leurs parents et un parterre d’officiels. Un jeune réfugié s’improvise même au clavier pour accompagner la chorale de Fillièvres. Après leur prestation, les gamins sont assis et sevrés de brochettes de bonbons. Ils n’entendent rien du maire, préfet, président de la communauté de communes et responsable de la Vie Active qui discourent sur les valeurs d’humanité, de fraternité et de solidarité que véhicule ce centre d’accueil, dont le bail a été prolongé jusqu’à la fin de l’année.

Biscuits irakiens, beignets congolais et selfies avec le préfet

Dans le réfectoire, transformé en salle de réception, les règles de la vie quotidienne déclinées en cinq langues se partagent les murs avec les dessins des enfants : rêves de princesses et larmes de sang étalés sur des pages de la Deutsche Bank. Les réfugiés assurent le service avec biscuits irakiens et beignets congolais, les enfants chahutent et le préfet répond aux sollicitations des élus puis des migrants. Alors que la plupart des officiels sont partis, le représentant de l’État continue à prendre des notes sur les situations individuelles, puis la pause avec les réfugiés qui tiennent tous à avoir leur photo. Un souvenir de Nédonchel, où l’église porte le vocable de Saint-Menne : saint-patron des caravanes et des conducteurs de chameaux.

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