Gauchin-Verloingt (France), 2018/07/07, 7.47 am
Réveillé avec le soleil, le sergent Bornemeier part explorer le village en attendant le petit-déjeuner. Il découvre un vallon sous la brume et les premiers rayons. Des pâtures enherbées où paissent ânes et chevaux, des jardins fleuris autour de maisons aux volets encore clos, une église abandonnée et grillagée, des oiseaux piaillant nichés dans les arbres et haies. La promenade matinale est bien agréable, mais le temps est compté et le sergent Bornemeier n’est pas là pour profiter de la quiétude de la campagne. Il interrompt sa flânerie pour revenir toquer à la porte du colonel David qui s’excuse pour le breakfast : l’eau marocaine ne passe décidément pas. Le sergent Bornemeier savoure seul son croissant et son chocolat chaud et regagne sa chambre pour préparer l’expédition du jour sur les traces du lieutenant Wilson. Le Gobelin le rejoint, grande tasse de café en main. Les heures de recherches ont grignoté celles du sommeil mais ont permis au journaleux de dénicher une photo aérienne de la Vallée Blanche, prise dans les années cinquante. Une large marque au milieu du champ pourrait correspondre à une explosion, à l’instar des impacts de bombes dans les prés environnants. Le meilleur moyen de s’en assurer est de se rendre sur place, mais le sergent Bornemeier attend que son supérieur soit sur pied et surtout qu’un certain Charles arrive. Interpellé par l’appel de l’Américain, un jeune Saint-Polois a mené sa propre enquête et proposé son aide. Ne sachant où il met les pieds mais bien décidé à participer à l’aventure, Charles débarque avec son pote Alain et de précieux renseignements : au culot, il a interpellé quelques habitants de Monchy-Cayeux qui l’ont orienté vers un ancien du village, témoin du crash de l’avion recherché. Il a également amené son détecteur de métaux, au cas où.
Monchy-Cayeux (France), 2018/07/07, 10.23 am
La Communauté de la Baguette s’arrête à un carrefour dominant le village. Une route s’enfonce dans le Bois de la Justice, un chemin marque la frontière entre habitations et plantations. Les cinq enquêteurs découvrent la Vallée Blanche, jaunie par les blés. Ils descendent au bord du champ pointé par le Gobelin. Charles déclenche son détecteur et s’engage dans les traces de tracteur. Après quelques décamètres, l’appareil sonne enfin. Alain gratte le sol d’une petite griffe de jardinage et en extrait un morceau de métal fondu. Le colonel David est formel : « C’est trop lourd pour être de l’aluminium. C’est un morceau de bombe, c’est ce qui tue les gens. » Les jeunes Frenchies sondent la surface et déterrent un autre morceau de ferraille, « un truc de tracteur » selon Charles. « Oh non ! C’est une pièce d’avion, une belle pièce ! » D’un peu de salive, le sergent Bornemeier découvre un assemblage d’aluminium qu’il s’empresse de photographier. Puis une pièce pivotante pouvant provenir d’une porte ou de la soute à bombes. Le colonel David soupèse les différents éléments : de l’aluminium, du fer, ou il ne sait quoi, tout cela fera l’objet d’analyses. Rasséréné d’eau minérale et de Coca-Cola, casquette « Big Cheese » sur le chef, le doyen de l’expédition a remarqué un bouquet de fleurs dépassant de l’immensité d’épis, à l’endroit localisé sur les photographies aériennes. En quelques enjambées, Charles atteint l’étrange bouquet, pointe son détecteur qui reste silencieux. Les fleurs ne marquaient rien. L’équipe s’en retourne dans le deuxième sillon, scrutant la terre desséchée. Les piaillements du détecteur étouffent ceux des oiseaux : « On va reconstituer l’avion », s’amuse Charles qui n’avait jamais trouvé que ferrailles anodines depuis qu’il s’était lancé dans la chasse au trésor.
Les pièces affleurent dans le champ. L’archéologue en herbe déniche un morceau de plexiglas aux bords fondus, un fragment d’hélice, un large bloc d’aluminium travaillé : « Ça provient d’un avion. On a la série de rivets, la peinture verte à l’intérieur. La question est de savoir si c’est un B24, un B17 ou un B29 », s’interroge le sergent. Le colonel David apporte la réponse, tenant entre ses doigts une balle mise au jour par les deux fouineurs : « C’est un calibre 50, celui utilisé par les B17. » Charles et Alain se regardent abasourdis par leurs découvertes : les pièces retrouvées concordent et il pourrait bien s’agir du B17 du lieutenant Wilson. Insuffisant pour le sergent Bornemeier qui doit trouver une preuve indéniable pour que son gouvernement engage des recherches : un numéro de série serait idéal. Les cinq enquêteurs sortent du champ, l’ayant nettoyé d’une dizaine de vestiges d’avion. « L’explosion a dû éparpiller des morceaux dans tout le champ », remarque le colonel. « Et le sol a été retourné depuis soixante-quatorze ans, soupire le sergent Bornemeier. Il faudrait revenir après la moisson. Avec la pluie, tout remonte à la surface. Est-ce qu’il pleut souvent ici ? »
To be continued…
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Retrouvez les épisodes précédents:
– Prologue : la piste des jeteurs de foin de Money-Cayeux
– Chapitre 1 : la French Connection
– Chapitre 2 : la Communauté de la Baguette