Saint-Pol-sur-Ternoise (France), 2018/07/06, 11.15 pm
Cinq heures après la victoire de la France face à l’Uruguay, les supporteurs chantent encore. Le sergent Bornemeier et le colonel David se fraient un chemin au milieu des Frenchies grimés de bleu-blanc-rouge, suivant le Gobelin qui les emmène vers la terrasse de l’Embuscade. Les trois compères s’installent et trinquent à leur rencontre : bière belge pour le journaleux, Coca-Cola pour le sergent et eau en bouteille pour le colonel qui commence à regretter d’avoir goûté celle du Maroc. Le Gobelin expose aux Américains l’avancée de ses recherches : demain, il emmènera ses hôtes sur le lieu du crash du B17 du lieutenant Wilson. Ensuite, ils iront à la rencontre des habitants de Monchy-Cayeux afin de recueillir leurs souvenirs et peut-être trouver ce qu’il est advenu du corps de l’aviateur. Un habitant a contacté le Gobelin et raconté qu’il ramassait des morceaux d’avion dans le champ de la Blanche Vallée que cultivait son père : l’ancien agriculteur est toujours au village et accepte de témoigner. La curiosité de l’Abeille de la Ternoise a également été piquée par l’histoire du lieutenant Wilson : un de ses journalistes souhaite interviewer les Américains et a sollicité un jeune historien local qui se penche actuellement sur le sujet. Le sergent Bornemeier n’en revient pas : « C’est incroyable, tous ces gens qui viennent nous aider. » « C’est la main de Dieu ! », tonne le colonel, qui se demande qui jouera son personnage lorsque cette folle histoire arrivera aux oreilles des producteurs hollywoodiens : « C’est comme dans Le Seigneur des Anneaux, chacun amène ses connaissances et ses compétences. Nous serons la Communauté de la Baguette ! » Qu’il s’agisse de hasard, d’intervention divine ou de providence, l’enquête avance : Erik Bornemeier vient de recevoir le rapport détaillé des recherches menées par l’armée pour retrouver le corps du lieutenant Wilson, avec les témoignages des autres membres de l’équipage. Cent dix-sept pages à décortiquer avant le lendemain matin. Le sergent Bornemeier englouti son welsh et en félicite Fred, le cuistot, dans sa baraque à frites. Le trio s’en retourne au gite du Gobelin et chacun prend ses quartiers. Tandis que le colonel David file au lit, le sergent Bornemeier et le journaleux allument leur ordinateur et découvrent les lettres des membres du B17, à commencer par celle du mitrailleur Gerald Dye : « Je ne suis pas sûr de pouvoir vous apporter des informations utiles, mais voici ce dont je me souviens. »
Nuthampstead (Angleterre), 1944/07/08, 6.35 am
« Dammit ! Où est Jack ? » Alors que les vingt-trois autres équipages de l’escadron 601 de bombardiers s’installent dans les B17, celui du lieutenant Wilson attend toujours son mitrailleur de queue. Tant pis, l’équipage devra se passer du meilleur tail gunner des forces aériennes : le sergent Fergusson abandonne son poste sur l’aile pour gagner la queue. Le lieutenant Wilson allume ses quatre moteurs et l’avion décolle pour prendre place dans la formation de tête. L’opération Arbalète a pour objectif la destruction d’un site de production de missiles V1, identifié à Humières, France. Les vingt-quatre bombardiers traversent la Manche, survolent la baie de Somme et filent ensuite vers le nord-ouest. L’escadron arrive en vue d’Humières, les bombardiers ouvrent les portes des soutes et se tiennent prêts à larguer leurs bombes mais impossible d’identifier le site de production de V1. La formation a dépassé le village et doit faire demi-tour pour un second passage. Alertés de la présence de l’escadron, les Allemands canardent le ciel. Un tir atteint le bombardier du lieutenant Wilson, touché à l’aile gauche, entre deux moteurs. La forteresse volante quitte sa position dans l’escadron et commence à descendre vers le sol. Aux commandes, le lieutenant Wilson s’efforce de maintenir l’appareil en vol, mais il sait qu’il ne pourra pas regagner l’Angleterre : touché à l’abdomen, le pilote se vide de son sang sur le tableau de bord. Au poste de copilote, le lieutenant Atkinson exhorte ses camarades à quitter l’avion. Le sergent Ferguson est le premier à sauter et regrette sa précipitation alors qu’il flotte sous les balles allemandes.
Le sergent-chef Sanford Walke se prépare à quitter l’appareil à son tour, mais l’avion plonge subitement. Le militaire est projeté contre la carcasse et lâche son parachute qui tombe à travers les portes ouvertes de la soute des bombes. Sonné, il rampe jusqu’au poste de pilotage et agrippe un masque à oxygène pour reprendre ses esprits. Sanford constate que le reste de l’équipage a réussi à sauter en parachute, sauf George, qui gît sur le sol dans une mare de sang, étalé sur le dos, les yeux et la bouche ouverts : « Il est mort et je vais le rejoindre dans une minute », pense le sergent-chef. Le parachute du pilote a disparu, mais Sanford en découvre un sous le siège du copilote. Il rampe jusqu’à une trappe à l’avant de l’appareil, plonge tête en avant et, parachute ouvert, perd connaissance. Lorsqu’il reprend ses esprits, son parachute le maintient toujours en l’air, malgré les trous provoqués par les tirs ennemis. Sans personne aux commandes, le B17 file vers un champ au bord d’un village qui s’éveille. L’aile droite de l’avion heurte le sol, l’appareil s’embrase. Le B17, son pilote et son chargement de bombes disparaissent en une formidable explosion, dont le souffle fait vaciller le parachute du sergent-chef. Sanford Walke atteint à son tour la terre et s’évanouit à une centaine de mètres de la carcasse du B17 et des restes éparpillés du lieutenant Wilson.
To be continued…
Suivez l’aventure sur la page Facebook “Finding George”.
Retrouvez les épisodes précédents:
– Prologue : la piste des jeteurs de foin de Money-Cayeux
– Chapitre 1 : la French Connection